lundi 22 janvier 2018

Les Quatre-Vingt à l'Heure.


En ce dimanche de janvier, un rayon de soleil timide faisait briller les branches nues des grands arbres du parc de l'Élysée.
Mais dans ce matin d'un hiver, somme toute assez doux, le Président était morose. Avec un sourire amer il se rappelait les paroles du fameux général romain Nenpeuplus : « Ils sont tous bêtes et je suis leur chef » paroles rapportées dans un volume bien connu de l'Histoire des Gaules qui traite de la conquête romaine[1], et qu'enfant studieux, fils d'une érudition classique, il avait retenu par cœur depuis les premières années de sa scolarité.

« Ils n'ont rien compris », se répétait-il avec amertume en évoquant sa dernière mesure concernant la limitation de vitesse sur les routes à 80 km/h.

« Comment ne voient-ils pas, ce qui se trouve en gestation dans cette remarquable décision ? »

Il est vrai que de nombreux esprits chagrins, ne manquaient pas de répandre le bruit ici ou là, dans certains médias et sur les réseaux sociaux, que le fondement de cette mesure était essentiellement l’appât du gain, ladite mesure permettant en effet d'augmenter substantiellement le volume des amendes encourues en utilisant le réseau routier de la république. Mais il en est ainsi dans notre beau pays où le sens et le goût de la critique remontent à des temps immémoriaux, nous le savons bien vous et moi. Pour mémoire, rappelons le célèbre épisode du vase de Soissons, et la décapitation (regrettable) du roi Louis XVI.

« Comment ne voient-ils pas que cette mesure s'intègre dans un vaste plan dont la finalité est l'amélioration de l'ensemble des conditions de vie et des structures économiques de la république ?
Même les moins intelligents d'entre devraient cependant bien saisir qu'il ne s'agit en la matière que d'un premier pas que d'autres vont suivre rapidement ! ?

Tous les six mois le premier ministre, en arguant de l’efficacité en matière de prévention de la mesure précédente, annoncera une nouvelle baisse de 15 km/h de la limitation de vitesse.
Ainsi, dès le milieu de la seconde année de mon quinquennat, nous en serons à 50 km/h maximum ce qui, outre la diminution drastique du nombre de morts et de blessés graves sur les routes, nombre qui impacte de manière défavorable le déficit de notre sécurité sociale à travers les conséquences hospitalières et médicales de tels accidents, entraînera forcément un rebond spectaculaire des métiers de bouche et de l'hôtellerie.

Il faudra en effet dans les meilleures conditions, lesquelles ne seront jamais réunies, car nous n’avons ni la volonté, ni les moyens dans la conjoncture actuelle d’entretenir, de réparer ou de développer le réseau routier, un minimum théorique de 20 heures pour relier Strasbourg à Brest, mais mieux vaudrait compter sur 25 ou 30 heures, ce qui suppose forcément au minimum un arrêt pour une nuit d'étape, voire deux, et les repas correspondants.

En l'état actuel du réseau ferré, et des infrastructures aéroportuaires, que nous n'avons ni l'intention ni les moyens non plus de modifier ou de moderniser, il est bien certain qu'une majorité de voyageurs sera toujours contrainte d'utiliser la route pour se déplacer, ce qui nous assure de l'efficacité des mesures prises…

Pour la seconde moitié de ma troisième année de quinquennat, la limitation de vitesse sera tombée à 20 km/h, et nous pourrons réintroduire sans difficulté les diligences, ce qui, d'une part, contribuera à augmenter encore le boom de l'hôtellerie et de la restauration, redynamisera le tissus socio-économique rural et permettra également de développer de manière exponentielle l'élevage des chevaux, la profession de maréchal-ferrant, et, de manière générale, tous les emplois afférents au cheval, à son entretien et à son utilisation.

Les projections statistiques qui ont pu être effectuées le montre de la manière la plus formelle, le problème du chômage sera alors quasiment résolu.
Il le sera d'ailleurs d'autant mieux, que nous encouragerons les maires de l'ensemble des villes françaises à poursuivre leurs mesures d'interdiction des centres-villes à toute forme de véhicules automobile et que nous les y aiderons même, en édictant une mesure prohibant formellement tout commerce à moins de 10 km de ces centres-villes, ce qui aura le mérite d'une part de désengorger radicalement ceux-ci, de régler le problème de leur pollution, et enfin de maintenir une production de véhicules à moteur importante, facteur d'emploi, puisqu'il sera nécessaire pour le moindre achat de se déplacer individuellement à distance de son habitat quotidien.

Ajoutons, que le développement de parkings relais spécifiques en bordure des agglomérations urbaines, parkings comportant des services de transport de type « alternatif » (charrettes hippomobiles, charrettes à bras, et autres pousse-pousse…) pour ramener les consommateurs à leur domicile urbain une fois leurs courses faites, permettra également la création d'un nombre substantiel d'emploi (sans compter ceux générés par la construction puis l’entretien et la modernisation de tels parkings).

Comment ne le comprennent-ils pas ? »

Le regard perdu vers le sommet des arbres tutélaires du parc de l'Élysée, le Président laissa ses traits juvéniles se teinter d'une moue désabusée…

« Ils sont tous bêtes et je suis leur chef… »


[1] Astérix chez les Goths – Goscinny et Uderzo – Dargaud 1963.

mardi 19 septembre 2017

"Jouvence".

Je l’appelle « Jouvence », ce n’est pas son nom mais, lisez, vous allez comprendre pourquoi.

Jouvence fut un petit garçon comme tous les petits garçons, du moins les petits garçons de l’époque où se déroule ce récit et qui n’a rien à voir avec la nôtre.
Il fut donc un petit garçon comme tous les autres mais quand il grandit il ne devînt pas un homme comme les autres, ni pire, ni meilleur, non, il resta un petit garçon.
Du moins il le resta « à l’intérieur » car pour ce qui est de l’apparence physique, elle changea bien sûr comme elle change pour nous tous.
Elle changea même tant et si bien qu’un beau jour le pauvre Jouvence eut des cheveux blancs et des douleurs dans certaines articulations.

Comme vous et moi, Jouvence avait traversé la vie en passant de l’apprentissage d’un métier à l’exercice d’une profession, une profession dans laquelle il avait eu l’occasion de voir ses contemporains prendre de l’âge et, d’autres bien plus vieux, disparaître de son horizon.
Et, tous ces gens qu’ils avaient côtoyés étaient « normaux » ; quand ils parlaient du temps où ils étaient petits garçons ou petites-filles ils disaient « autrefois » et ils ajoutaient en soupirant que ce temps était bien lointain et qu’ils avaient beaucoup changé.

Jouvence compris très vite que chez eux ce mot « changé » ne désignait  pas que les modifications de leur visage ou de leur silhouette mais tout ce qu’ils étaient, leur mode de pensée, de raisonner, de vivre, de sentir…
Il se demanda alors s’il en était de même pour lui, se regarda un long moment dans son miroir en y réfléchissant profondément et il lui fallut bien s’avouer qu’en effet, lui aussi, vivait et se comportait autrement « qu’autrefois ».
Cette constatation l’attrista beaucoup, elle l’attrista même tant qu’il sentit les larmes lui monter aux yeux.

Et pourtant, pourtant, au fond de lui, il en était certain, le petit garçon qu’il était demeurait le même, terriblement malheureux maintenant de se voir réduit à une simple certitude impuissante face à cette fuite du temps qui nous concerne tous.
Jouvence traîna ainsi sa grande peine pendant plusieurs jours et surtout plusieurs nuits, où il se demandait sans cesse, au lieu d’essayer de dormir, comment retrouver ce que les autres appelaient  « autrefois » et qui pour lui continuait d’être, au plus profond de lui, le présent.
Je vous assure qu’il y réfléchit longtemps jusqu’au moment où lui vint finalement cette réflexion de bon sens.
Il en fut si content qu’avec un orgueil un peu puéril, qui ne faisait d’ailleurs que la conforter, il l’a baptisa « la règle de l’oignon » et se mit en devoir de l’appliquer immédiatement.
C’était une idée toute simple mais que vous et moi nous n’aurions sûrement pas pu avoir, ou, si nous l’avions eu, que nous aurions sûrement rejetée avec un peu de condescendance ou de mépris, car vous et moi, n’est-ce pas, ne sommes plus ce que nous étions petite-fille ou petit-garçon.

Jouvence décida de commencer par quelque chose de « facile ».
Le premier jour il jeta son agenda (au moment où tout ceci se passe, le téléphone » portable-ordinateur » n’était pas même un rêve et l’on notait ses rendez-vous dans un petit carnet nommé « agenda » où chaque feuillet correspondait à un ou deux jours). Les petits garçons (les petites-filles) ont-ils (ont-elles) besoin d’un agenda ?
Le jeter était en effet facile, se débrouiller avec les conséquences de ce geste l’était un peu moins et, très vite, Jouvence en vint à ne plus répondre au téléphone pour éviter de devoir fournir quelque explication que ce soit à qui que ce soit pour quoi que ce soit. À l’extrême limite, et par pur amusement, il lui arrivait encore de décrocher son combiné mais au hasard et uniquement pour expliquer à son interlocuteur, quel qu’il fut, qu’il n’était pas là en agrémentant cette affirmation de quelque réjouissante affabulation en guise d’explication.
Les parents que nous sommes, savent à quel point les enfants sont doués pour ce genre d’exercice quand on laisse libre cours à leur talent naturel.

La seconde étape consista à ne plus lire de quotidien et Jouvence résilia son abonnement aux « Nouvelles du Pays » qu’il parcourait depuis 40 ans, toutefois, il s’autorisa à feuilleter des magazines tels que « Beaux-Jours » ou « Panorama du Monde » pour le plaisir de leurs photos et celui de quelques lignes anecdotiques.
Plus ardue fut la tâche qui consistait à ne plus occuper de comptes. Comme Jouvence ne possédait pas la panoplie complète des multiples outils financiers et placements divers dont on nous recommande de nous munir pour notre plus grand bien et notre sécurité future il y parvint cependant. Il ne conserva du peu qu’il pouvait avoir que le livret de caisse d’épargne que sa grand-mère approvisionnait déjà dans son « présent-autrefois » et en récupérant tous les mois, la totalité de sa retraite en espèces (évidemment diminuée des inévitables prélèvements divers, automatiques et obligatoires que son époque connaissait déjà, hélas) il put enfermer ce qu’il lui en restait dans une boîte à biscuits en fer blanc qui contenait encore ses trésors de petits garçons (qui sont, pour tous, la première petite montre-bracelet hors d’usage, un très mince anneau en fil d’argent (?), témoin de trop jeunes amours, le couteau de poche avec une grande lame, une petite lame, un poinçon, un ouvre-boîte et un tire-bouchon cadeau de son père à sa l’occasion de sa première escapade entre camarades). Il se retrouva ainsi dans une situation qu’il connaissait bien et dans laquelle il devenait parfaitement inutile de se préoccuper de ce que peut bien signifier ce mot « rentabilité ».

Le prochain pas en avant fut littéralement un « jeu d’enfant ».
Il avait toujours adoré les petits soldats et dès qu’il en eut acheté suffisamment il se mit à nouveau à organiser de grandes batailles pour la conquête des collines de livres posés sur son bureau ou la possession d’une portion de la plaine du tapis que dominaient les monts du canapé du salon.

Et ainsi de suite.

Au bout de quelques mois beaucoup de choses avaient changé mais il était évidemment plus facile de redonner leur place dans la cuisine au steak haché moelleux–purée de pommes de terre au bon goût de beurre frais, aux frites–poulet rôti, aux crèmes, mousses et crêpes au chocolat que de modifier certaines façons de penser ou d’agir.
Pour autant rien ne le rebutait et il ne cessait de progresser, retirant après sa peau, une à une, les différentes couches de l’oignon de son ancien quotidien.

Ce n’est qu’après quelques huit à neuf mois qu’il fit cette curieuse constatation, les rides accentuées de son front lui semblaient maintenant moins profondes lorsqu’il haussait les sourcils. Peut-être qu’un certain nombre d’occasions de contrariétés ayant disparu de son nouveau mode de vie il se retrouvait ainsi moins de situations où il était nécessaire de hausser les sourcils et les yeux au ciel et tout le monde sait qu’une fonction dont on ne se sert plus fini par se perdre. Quand même, cette constatation l’étonna un peu et il ne l’oublia pas.

Six mois de plus d’efforts et il n’aurait pas su vous dire qui gouvernait alors le pays ni ce qui pouvait bien s’y passer politiquement parlant car ce mot de « politique » ne lui disait plus rien.
C’est à peu près à ce moment-là qu’il constata la disparition des poils blancs qui en commençant d’envahir ses sourcils avait annoncé la proche et définitive victoire de son blanchissement.

L’infanterie de ligne napoléonienne avait parfois fort à faire contre celle des Autrichiens, des Prussiens, des Russes ou des Anglais mais elle manquait rarement de conquérir ou de reconquérir la totalité du terrain terriblement accidenté et difficile du bureau et les beignets le soir avec une tasse de chocolat chaud était décidément un excellent choix.
Par ailleurs, « Le Sapeur Camembert » de Christophe était une excellente lecture au lit juste avant de devoir éteindre la lumière car les enfants, même les petits garçons (il en est de même pour les petites filles), vous le savez bien, ne doivent pas veiller trop tard.

Comme le temps dans la lente uniformité de son écoulement, avait perdu l’essentiel de son importance, Jouvence aurait été bien incapable de vous dire à quel moment précis par rapport au début de ses efforts il se rendit compte qu’il voyait et entendait mieux.
Quant à la date exacte à laquelle ses cheveux cessèrent d’être blancs il ne vous en aurait rien dit non plus n’ayant prêté aucune attention à ce changement d’apparence.

C’est pourquoi, je me trouve, moi aussi, incapable de vous dire quand cet homme que nous appelons « Jouvence » et qui portait au fond de lui ce petit garçon qu’il savait inchangé et qui était aussi           « Jouvence » ne fut plus qu’un seul « Jouvence » dans son être et dans son aspect mais je puis vous assurer qu’à le voir vous ne lui auriez certainement pas donné son âge si tant est que ce mot ait vraiment un sens.

Voilà, le conte est fini et si vous voulez vraiment savoir qui en fut le héros, il s’appelait et il s’appelle encore « Tous et Chacun ».

dimanche 14 août 2016

Petite étude de: "La Défense et Illustration de la Langue Française" de Joachim du BELLAY.



La « Défense et Illustration de la Langue Française » de Joachim du Bellay.


 

Une évolution heureuse.

 




Quelques uns des protagonistes – Le décor.


-          les poètes :

Clément Marot  1496-1544
Melin de Sainct-Gelays  1487-1558
Joachim du Bellay 1522-1560
Pierre de Ronsard 1524-1585
Philippe Desportes 1546-1606
François de Malherbe 1555-1628
Mathurin Régnier 1573-1613

-          les souverains :

François Ier qui règne de 1515 à 1547
Henri II, de 1547 à 1559
François II de 1559 à 1560
Charles IX de 1560 à 1574
Henri III de 1574 à 1589
Henri IV de1589 à 1610

-          les évènements importants :

L’ordonnance de Villers-Cotterêts qui,  en 1537, remplace dans les documents officiels le latin par le français.
Le premier « art des vers » français par Thomas Sébillet en 1548.
La première grammaire du français par Louis Meigret en 1550.



                                                                              ***

 

 


La Contestation.



« …pour ce que j’ai toujours estimé notre poésie française être capable de quelque plus haut et meilleur style que celui dont nous sommes si longtemps contentés.[1] »

Ce style médiocre dont notre poésie se serait contentée avant l’arrivée des « jeunes » poètes plein d’enthousiasme de la Pléiade (Du Bellay a quand même 27 ans et Ronsard 25 lors de la publication de la « Défense »), c’est celui des formes poétiques fixes à « reprises » ou « en échos » que sont le triolet, le rondeau qui en dérive, la ballade, le « chant royal » (variété de la ballade) et cette forme populaire qu’est la chanson avec son refrain mais aussi celui des « Grands Rhétoriqueurs », ces poètes  pour qui la virtuosité de la langue et de la forme dominaient tout (Jean Robertet 1405-1492, Georges Chastelain 1415-1475, Jean Meschinot 1422-1490, Olivier de la Marche 1425-1502, Octavien de Saint-Gelais 1468-1502, du temps qu’il versifiait, avant de devenir évêque d’Angoulême, et très probablement le père de Mellin malgré tout, Jean Molinet (1435-1507), Jean Lemaire de Belges 1473-1515 ?, Guillaume Crétin  vers 1450-1525, Pierre Gringore 1475-1539, Jean Marot vers 1450-1526, le père de Clément,  André de la Vigne vers 1470-après 1515, Jean Bouchet 1476-1557).

Ce style médiocre c’est aussi  celui qui découle d’une langue qu’il est nécessaire de dépoussiérer, d’épurer et d’enrichir.

Et, en matière de style, l’idéal à poursuivre selon du Bellay se trouve évidemment chez les auteurs Grecs et Latins : « … mais aussi dirais-je bien qu’on pourrait trouver en notre langue (si quelque savant homme voulait y mettre la main) une forme de poésie beaucoup plus exquise, laquelle il faudrait chercher en ces vieux Grecs et Latins, non point ès auteurs français… »[2]


Il semble assez constant qu’en matière d’art, notamment de poésie,  de philosophie ou de mode, le siècle actuel s’élève contre les goûts ou les certitudes du précédent.
La « Défense et Illustration » de du Bellay s’en prend à ses prédécesseurs immédiats, Marot, Héroët  (Antoine Héroët, 1492-vers 1567) et à travers les formes poétiques que son auteur récuse :  rondeaux, ballades, virelais …[3], il critique également Mellin de Saint-Gelais dont, un peu plus tard, il reconnaîtra la valeur .

Mais ce dernier s’il a beaucoup écrit de rondeaux, de quatrains, de huitains, de dizains (et même un quinzain), de « cartels », madrigaux[4] et autres poèmes de cour, s’il est aussi l’auteur de poèmes traduits du latin,  a également rédigé de nombreux épigrammes, genre que, nous le reverrons plus loin,  du Bellay recommande : « Jette-toi à ces plaisantes épigrammes… »[5] .

Quant à Clément Marot, l’épigramme est un genre très représenté dans son œuvre. Je compte en effet dans un volume consacré à ses poèmes :

201 épigrammes de 6 à 12 vers pour
42 « chansons » assez courtes,
34 rondeaux seulement, le plus souvent d’une quinzaine de vers,
19 ballades et chants divers d’au plus 50 vers,
20 élégies, également recommandées par du Bellay (« Distille avec un style coulant et non scabreux ces pitoyables élégies… »[6]), 12 d’entre elles ont au moins 50 vers et 8 près de 100,
6 pièces ou « opuscules » de 74 à 555 vers et enfin
56 épîtres de 10 à 256 vers[7].

On perçoit qu’il ya déjà chez ces deux auteurs une sorte d’amorce de ce nouveau style que du Bellay voudrait  imposer. D’ailleurs les traductions que Saint-Gelais réalise montrent bien l’engouement croissant pour les classiques antiques. Si l’auteur de « La Défense » insiste sur l’impossibilité pour un traducteur de rendre « à l’identique » dans sa langue propre la grâce et les ornements de la langue qu’il traduit[8] », s’il prône l’imitation des anciens « Car il n’y a point de doute que la plus grande part de l’artifice ne soit contenue en l’imitation… »[9] pourra-t-il contester qu’un poète de qualité (comme Mellin) qui entreprend de traduire un confrère étranger donnera spontanément naissance plus à une imitation ou à une transposition de celui-ci qu’à une traduction au sens professionnel de ce terme, qu’en somme il suivra par anticipation les conseils que la Défense prodigue ?

La « Défense et Illustration » a peu à voir avec un « art des vers, ce n’est pas un traité de versification comme l’est réellement cet ouvrage de Thomas Sébillet[10], « L’Art Poétique François » sous-titré « Pour l’instruction des jeunes studieus, & encor peu avancéz en la Poésie Françoise" paru un an plus tôt  qui, lui, détaille  les règles de la poésie et la structure des diverses formes de poèmes.
 Du Bellay, pour sa part, expose son opinion sur ce que pourrait (devrait) être la poésie française « moderne », il recommande de prendre telle ou telle direction, il fait état de ses préférences pour certaines formes plus modernes de poème : l’épigramme et le sonnet surtout mais également l’élégie et « ces odes inconnues encore de la Muse française »[11], pour autant, il ne compose pas un manuel où trouver les détails techniques, les recettes,  des formes qu’il préconise et son ouvrage n’entre pas en concurrence avec celui de son prédécesseur. Il est si éloigné de cette démarche normative qu’il ne manque pas de constater[12] : « que c’est une chose accordée entre les plus savants, le naturel faire plus sans la doctrine que la doctrine sans le naturel » ce qui, sans aucun doute, est la règle la plus fondamentale de toute poésie, n’en déplaise à Monsieur de Malherbe.
Du Bellay se fait pourtant censeur à l’égard de poèmes trop rustiques ou triviaux à son goût, poèmes dont il prend l’exemple chez Mellin de Saint-Gelais et Pernette du Guillet (1518 ou 1520-1545) et qu’il tient « mieux dignes d’être nommés chansons vulgaires qu’odes ou vers lyriques »[13].

Le poème ci-dessous peut sans doute bien illustrer ce que du Bellay récuse en matière de poésie, il est tiré des « Œuvres Complètes » de Mellin de Saint-Gelais[14] :

DU ROUSSEAU ET DE LA ROUSSE.

Un jour en s'esbattant
Dieu crea le rousseau ;
Puis dit, en le tentant :
« Garson, que tu es beau! »
Le rousseau, sans sejour,
Dit : « Beau comme le jour! »
Dieu print mal ce langage,
Et dit : « Voy-tu, rousseau?
Tu prens gloire au pelage
D'une vache ou d'un veau :
Le pied auras suant,
Et le reste puant. »
Le rousseau bien faché,
S'en vint à la rousselle,
Et luy trouva caché
Un bouc sous son aisselle ;
Puis la sienne sentant
En trouva tout autant.
Oncques puis roux ne rousse
N'eurent accord parfaict ;
L'un tousjours se courrousse
Et trouve l'autre infect.
Ailleurs on n'en veut point :
Les voila bien en poinct.

Pour un peu trivial que puisse apparaître ce poème, il faut cependant reconnaître qu’il appartient à une branche ancienne, verte et toujours vivace de la poésie française à laquelle Ronsard lui-même ne dédaigna pas d’ajouter l’un ou l’autre rameau : « Je te salue, Ô merveillette fente… »[15]
 Ces divers éléments font penser que si la Défense et Illustration prône une réelle rupture, c’est moins avec les prédécesseurs immédiats et parfois encore contemporains de la Pléiade qui introduisent déjà ses choix qu’avec le corpus de la poésie du moyen-âge (d’avant le XVI  è siècle) que cette rupture s’opère réellement. Du Bellay donne donc l’impression de ne faire que théoriser une évolution largement entamée avant lui.

Le but.


Que recherche en somme la nouvelle poésie française illustrée par du Bellay et ses amis ?
D’abord une langue plus fine, débarrassée d’un certain nombre d’archaïsmes, enrichie de néologismes latins ou grecs au service d’une poésie plus élevée, antiquisante ou italiénisante avec un goût particulier pour des pièces plus légères demandant plus de virtuosité dans leur confection en raison de leur brièveté et de leur « pointe » ou « saillie » finale (le sonnet, l’épigramme) sans préjudice de ces formes « longues » que sont l’ode ou l’élégie dont Ronsard fera un grand et très libre usage.
La langue de Marot, en effet, est plus celle de l’époque poétique précédente (« Dieu vous doint donc, ma maistresse tresbelle… », forme ancienne du subjonctif présent de donner : « que Dieu vous donne etc… »  et qui fait souvenir du « Or nous doint Dieu bonne paix sans tarder » de la fameuse ballade LXXV de Charles d’Orléans : « En regardant vers le pays de France »[16], ou un peu plusloin dans la même élégie : « « L’ayse plus grand qu’à moy oncques advint » pour « advint jamais »[17] ,  « Il n’en fault prendre esbahyssement » pour » il n’en faut certes prendre etc… » dans la chanson VIII[18] et l’on pourrait multiplier aisément les exemples), alors que dans celle de Saint-Gelais on peut voir apparaître ici ou là certaine expressions qui ressemblent à celles de du Bellay ainsi par exemple de « Fendis ma résonnante table. » dans le poème « Sur une guitterre espaignolle »[19].
 Mais les archaïsmes ne disparaissent pas, tant s’en faut, avec cette nouvelle génération de poètes, et du Bellay lui-même use parfois de mots déjà « vieillis » dans certains de ses vers (ainsi de la forme « finablement » pour l’adverbe  finalement que l’on trouve dans son IVème Livre de l’Eneïde[20] ou le verbe s’estranger dans « si pour de moi t’estranger » pour « t’éloigner » dans la complainte de Didon à Enée[21]).

Cette nouvelle « école » souhaite ensuite le renouvellement des « outils » de la poésie, renouvellement dont une des pièces maîtresses se trouve constituée par le sonnet, sur lequel cependant, du Bellay, tout à son désir d’imitation des anciens dans l’ode et l’élégie, n’insiste pas plus que cela (« Sonne-moi ces beaux sonnets, non moins docte que plaisante invention italienne… »[22] et pas un mot de plus sur cette pièce).
Le sonnet, imité de Pétrarque (1304-1374), qui n’en est pas l’inventeur (on l’attribue généralement à Jacques de Lentini, notaire à la cour sicilienne de Frédéric II de Hohenstaufen, dans le premier tiers du XIII è siècle[23] [24]) est cependant introduit en France avant du Bellay.
Les sonnets apparaissent en effet, quoique timidement, chez Saint-Gelais comme chez Marot, à qui on attribue le plus souvent l’introduction de cette forme poétique en France, mais s’il traduit six sonnets de Pétrarque sur la mort de Laure de Noves, sonnets qui figurent dans l’édition de 1544 de ses œuvres[25] (sa forme ABBA ABBA CCD EED est celle qu’introduisirent Marot ou Saint-Gelais et qu’utilisèrent Ronsard et du Bellay, sa forme ABBA ABBA CCD EDE est celle du XVII è siècle que l’on retrouve le plus souvent ensuite[26]) il n’en écrit que trois de sa propre main[27].
Cette courte poésie, sans refrain, strictement ordonnée et que doit relever au dernier vers une « pointe » qui résume le poème et/ou produit « un trait d’esprit » constitue en effet une importante innovation par rapport aux formes précédentes de la poésie française.
Autres outils poétiques prônés par du Bellay, l’épigramme : « jette-toi à ces plaisantes épigrammes », l’élégie : « Distille avec un style coulant et non scabreux ces pitoyables élégies » et l’ode : « Chante-moi ces odes inconnues encore de la Muse française » et l’églogue : « chante-moi d’une musette bien résonnante et d’une flûte bien jointe ces plaisantes églogues rustiques »[28].
Mais, dans leur adaptation à la poésie française, l’églogue comme l’élégie sont essentiellement des genres poétiques, et non des poèmes définis par une structure ou surtout un type de vers particulier comme en grec ou en latin. La première désigne un « petit poème pastoral » et la seconde des poèmes sur un sujet le plus souvent triste (éventuellement tendre).
L’ode dont on distingue « classiquement » deux variétés selon que son thème est noble, élevé, ode « héroïque », ou léger et gracieux, ode « anacréontique »[29] est, adaptée par la Pléïade et surtout Ronsard de l’ode utilisée par le poète grec Pindare (-518 à -438), une forme de poème qui  répond à des critères plus précis et se compose de strophes, antistrophes et épodes réalisant une succession de triades identiques. Ces triades constituent des « unités lyriques », l’épode y prend une forme strophique différente de celle de la strophe et de l’antistrophe sur le plan du nombre de vers et/ou du type de vers.
L’épigramme, quant à elle, est un court poème, sans forme fixe,  d’intention satyrique et qui doit se terminer par une « pointe », c'est-à-dire une formule piquante voire mordante résumant dans le dernier vers du poème toute son intention.
Marot écrivit de nombreux petits poèmes qu’il qualifia d’épigrammes quoique ni dans leur structure ni dans leur intention ils ne répondissent vraiment à la définition ci-dessus, raison pour laquelle, peut-être,  leur auteur n’a pas trouvé grâce auprès de son confrère de la « Défense ». Ses textes  sont d’inspiration très diverses, tantôt amoureuse, morale ou leste, critique ou satyrique et qui ne se souvient de l’épigramme CXCVII, « De Soy Mesme »[30] ?
Plus ne suis ce que j’ay esté,
Et ne le sçaurois jamais estre ;
Mon beau printemps et mon esté
Ont faict le sault par la fenestre.
Amour, tu as esté mon maistre :
Je t’ai servi sur tous les dieux.
Ô si je pouvois deux fois naistre,
Comme je te servirois mieulx !

Quoique ces poèmes possèdent rarement la « pointe » finale de l’épigramme, leur caractère commun de brièveté et de légèreté, autorise peut-être à les considérer malgré tout comme tels.



Que conclure de tout cela ?



La Défense et Illustration se présente  plus comme une sorte de « déclaration de politique générale »  que comme un manuel. On perçoit chez son auteur le sentiment qu’il a de se trouver  à l’orée d’un bois : derrière lui la pénombre de la forêt, devant, la vaste plaine ensoleillée qu’il souhaite gagner ;  forêt de la poésie française des époques précédentes,  plaine ouverte de la poésie « moderne » où tracer de belles routes dessinées « à l’antique ».

Son propos porte sur l’évolution, nécessaire à ses yeux,  de la langue française littéraire et il y mêle aussi bien des développements sur les vastes perspectives que les influences grecques, latines ou italiennes lui offrent,  que des précisions techniques (limitées) à valeur d’exemple aussi bien sur les formes du poème ou du mètre ,  « Adopte-moi aussi en la langue française ces coulants et mignards hendécassylabes[31] » que sur l’enrichissement de la langue :  « Use donc hardiment de l’infinitif pour le nom, comme l’aller, le chanter, le vivre, le mourir… [32]», « …je t’avertis user souvent de la figure antonomase[33], aussi fréquente aux anciens poètes comme peu usitée, voire inconnue des français.[34] »

Déclaration de « politique générale »,  et réprobation des modes et des auteurs plus anciens mais réprobation tempérée qui ne s’apparente jamais à un réquisitoire et qui partout laisse sa place à la souplesse, à l’adaptation, à l’inventivité au service de l’expression avant tout poétique : « …Il y en a qui fort superstitieusement entremêlent les vers masculins avec les féminins… Je trouve cette diligence fort bonne pourvu que tu n’en fasses point de religion jusques à contraindre ta diction pour observer de telles choses. [35]»

Déclaration qui souhaite plus l’officialisation et la généralisation d’une évolution en cours qu’elle n’appelle à une rupture méprisante, à la négation et à l’anéantissement total de ce qui la précède comme le feront  plus tard François de Malherbe et le « classicisme ».

On oppose souvent Classicisme et Renaissance, Malherbe (qui mourût avant le classicisme qui lui doit tant en poésie) et du Bellay en insistant sur la primauté, pour le premier,  du travail toujours plus méticuleux du vers sur l’inspiration et sur la prééminence,  pour le second,  de la « fureur poétique » sur sa mise en forme poétique. Les classiques, écrit-on,  viseraient l’harmonie « suprême » du vers, les poètes de la Renaissance, l’expression la plus vive du sentiment.

Il s’agit là, pour le moins d’une affirmation très réductrice qui ne traduit nullement l’état d’esprit de du Bellay et sans doute de ses confrères (ou de ses continuateurs comme on peut aisément en juger à la lecture par exemple de Philippe Desportes ou de son neveu Mathurin Régnier). N’écrit-il pas : « … aussi n’est-ce peu de chose que de prononcer ses vers de bonne grâce : vu que la poésie (comme dit Cicéron) a été inventée par observation de prudence et mesure des oreilles ; dont le jugement est très superbe, comme de celles qui répudient toutes choses âpres et rudes, non seulement en composition et structure de mots mais aussi en modulation de voix.[36]» ce qui témoigne assez qu’il mettait l’harmonie d’un vers au premier rang de ses caractéristiques indispensables et ne donne-t-il pas, un peu plus loin, ce conseil, de prendre et reprendre ses poèmes pour en polir les vers : «  les revoir souvent, et en la manière des ours, à force de lécher, leur donner forme et façon des membres, non imitant ces importuns versificateurs…qui rompent à toute heure les oreilles des misérables auditeurs par leurs nouveaux poèmes » mais il ajoute immédiatement : « Il ne faut pourtant y être trop superstitieux ou (comme les éléphants leurs petits) être dix ans à enfanter ses vers. [37]» ?

Il faut être Monsieur de Malherbe pour croire et affirmer non seulement que la beauté  est la rançon obligatoire d’une architecture d’autant plus parfaite qu’elle est  à la fois plus complexe et plus rigide  mais encore qu’elle constitue LE seul et unique moyen d’atteindre à la beauté ou à la perfection.
Du Bellay, manifestement, était bien éloigné d’un tel excès. Que ne lui donnons-nous la prééminence sur son caractériel confrère !

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[1] « Les Regrets », « Les Antiquités de Rome », « La Défense et illustration de la Langue Française ». Poésie Gallimard. NRF. 1992. Page 232.
[2] « Les Regrets », « Les Antiquités de Rome », « La Défense et illustration de la Langue Française ». Poésie Gallimard. NRF. 1992. Page 235.
[3] « Les Regrets », « Les Antiquités de Rome », « La Défense et illustration de la Langue Française ». Poésie Gallimard. NRF. 1992. Page 238.
[4] Cartel, madrigal : poèmes de cour, sans structure fixe, le premier prenant la forme d’une provocation à un duel littéraire ou philosophique (argument éventuel d’un spectacle joué par ses protagonistes), le second, galant, bref et adressé à une femme.
[5] « Les Regrets », « Les Antiquités de Rome », « La Défense et illustration de la Langue Française ». Poésie Gallimard. NRF. 1992. Page 238.
[6] « Les Regrets », « Les Antiquités de Rome », « La Défense et illustration de la Langue Française ». Poésie Gallimard. NRF. 1992. Page 238.
[7] Œuvres Poétiques. Clément Marot. Garnier Flammarion 1973.
[8] « Les Regrets », « Les Antiquités de Rome », « La Défense et illustration de la Langue Française ». Poésie Gallimard. NRF. 1992. Pages 211-212.
[9] « Les Regrets », « Les Antiquités de Rome », « La Défense et illustration de la Langue Française ». Poésie Gallimard. NRF. 1992. Page 216.
[10] Art Poétique François. Thomas Sébillet. Paris. Librairie Nizet. 1988.
[11] « Les Regrets », « Les Antiquités de Rome », « La Défense et illustration de la Langue Française ». Poésie Gallimard. NRF. 1992. Page 238.
[12] « Les Regrets », « Les Antiquités de Rome », « La Défense et illustration de la Langue Française ». Poésie Gallimard. NRF. 1992. Page 236.
[13] « Les Regrets », « Les Antiquités de Rome », « La Défense et illustration de la Langue Française ». Poésie Gallimard. NRF. 1992. Page 238.
[14] Œuvres Complètes. Melin de Saint-Gelays. Tome 1. Paul Daffis. 1873. Pages 208-209.
[15] Livret de Folastrie. Pierre de Ronsard. 1584. Page 69.
[16] Rutebeuf Charles d’Orléans Villon. Les Classiques Hatier. N°129. 1960. Page 29.
[17] Œuvres Poétiques. Clément Marot. Garnier Flammarion. 1973. Elégie XV. Vers 25, page 274 et vers 58, page 275.
[18] Œuvres Poétiques. Clément Marot. Garnier Flammarion. 1973. Chanson VIII. Vers 2, page337.
[19] Œuvres Complètes. Melin de Saint-Gelays. Tome 1. Paul Daffis. 1873. Page 234.
[20] Œuvres Poétiques. Joachim du Bellay. Tome VI. Discours et Traductions. Edité par Henri Chamard. Droz. 1931. Vers 1111, page 300.
[21] Œuvres Poétiques. Joachim du Bellay. Tome VI. Discours et Traductions. Edité par Henri Chamard. Droz. 1931. Complainte de Didon à Enée. Pages 307-330. Vers 136.
[22] « Les Regrets », « Les Antiquités de Rome », « La Défense et illustration de la Langue Française ». Poésie Gallimard. NRF. 1992. Page 238.
[23] Le Sonnet. Anthologie+dossier. Dominique Moncondhuy, Alain Jaubert. Folioplus classiques. 2005. Page171.                                                                         
[24] Frédéric II. Un empereur de légendes. Sylvain Gouguenheim. Perrin. 2015. Page 234.
[25] Les Œuvres de Clément Marot. Traductions de Clément Marot Vallet de chambre du Roy. 1544. Pages 141-144.
[26] Dictionnaire des Rimes Françaises. Ph. Martinon. Edition revue et complétée par R. Lacroix de L’Isle. Librairie Larousse. 1962. Page 80.
[27] Le Sonnet. Folioplus classique. 2005. Page 174-175.
[28] « Les Regrets », « Les Antiquités de Rome », « La Défense et illustration de la Langue Française ». Poésie Gallimard. NRF. 1992. Page 238.
[29]  Larousse du XX è siècle. Paul Augé. Tome Cinquième. Librairie Larousse. 1932. Page 167.
[30] Œuvres Poétiques. Clément Marot. Garnier Flammarion. 1973. Epigrammes. Page 438.
[31] « Les Regrets », « Les Antiquités de Rome », « La Défense et illustration de la Langue Française ». Poésie Gallimard. NRF. 1992. Page 238.
[32] « Les Regrets », « Les Antiquités de Rome », « La Défense et illustration de la Langue Française ». Poésie Gallimard. NRF. 1992. Page 251.
[33] L’antonomase utilise un  nom propre comme nom commun (un don Juan, par exemple) ou l’inverse. « Figures de Style » - Axelle Beth, Elsa Marpeau. Librio 2007. Page 24.
[34]  Les Regrets », « Les Antiquités de Rome », « La Défense et illustration de la Langue Française ». Poésie Gallimard. NRF. 1992. Page 251.
[35]  Les Regrets », « Les Antiquités de Rome », « La Défense et illustration de la Langue Française ». Poésie Gallimard. NRF. 1992. Page 252.
[36]  Les Regrets », « Les Antiquités de Rome », « La Défense et illustration de la Langue Française ». Poésie Gallimard. NRF. 1992. Page 253.
[37]  Les Regrets », « Les Antiquités de Rome », « La Défense et illustration de la Langue Française ». Poésie Gallimard. NRF. 1992. Page 25(.